10 décembre 2015

La Poste 2015 : croquis d'ambiance

Aux éditions AO, nous fréquentons assidûment le bureau de Poste pour expédier les livres dont nous avons reçu commande. En 2015, des changements majeurs sont intervenus. Croquis d'ambiance.


Quand on entre dans le bureau de Poste, souvent bondé, c'est l'atmosphère studieuse qui surprend. Installés devant les “automates”, les usagers travaillent dur. Qu'ils soient jeunes ou âgés, fringants ou handicapés, diplômés ou illettrés, ils tapotent courageusement sur les claviers virtuels pour saisir, caractère par caractère, les adresses (expéditeur et destinataire) de leurs recommandés. Une dame âgée se cramponne de la main droite sur sa canne tout en cherchant fébrilement de la gauche la touche nécessaire sur le clavier alphabétique. Un homme concentré saisit les informations des chèques qu'il remet à l'encaissement. Une jeune femme fait des photocopies par-dessus la poussette qui abrite son bébé.


Ci-dessus : l'espace de travail des usagers, répondant au sigle avant-gardiste d'ESC (Espace Service Clients).
Sur son site, la Poste précise ceci : “Le but est de rendre les clients autonomes sur des tâches simples, à valeur ajoutée faible, même si bien sûr nous n’obligeons jamais les clients à utiliser les automates s’ils ne le souhaitent pas”. Le rapprochement du back et du front office, la simplification des processus contribuent également à un meilleur fonctionnement du réseau.”

Avec une mine satisfaite, les employés surveillent ces élèves appliqués. Si un de ces élèves se tourne vers eux, ils ont un bref instant de panique, vite maîtrisé une fois l'imprudent renvoyé devant son écran (“Appuyez sur la touche verte”). Tandis que vous saisissez patiemment les données de votre envoi à affranchir, ils jettent un coup d'œil au-dessus de votre épaule puis passent à votre voisin.

Travailler plus… pour payer plus. Depuis trois ans, les tarifs postaux augmentent de plus de 10% en moyenne, tous produits confondus. Nous le constatons aux éditions AO, où ceux-ci sont, obligatoirement, renseignés dans la comptabilité. La spectaculaire réduction du travail des employés de la Poste est en lien direct avec l'augmentation tout aussi spectaculaire de celui… des usagers.

On aimerait que la petite table équipée de chaises soit affectée aux personnes âgées ou handicapées afin qu'elle soient aidées par un employé pour affranchir leur courrier. On rêverait que ces autres usagers, à qui il faut dix secondes en moyenne pour trouver un caractère sur le clavier virtuel de l'écran des automates, soient déchargés de ce pensum. On préférerait que, lorsqu'on se présente avec une boîte jaune Colissimo prépayées afin de la faire enregistrer, on nous accueille avec le sourire au lieu de nous dire, l'air sourcilleux : “Avez-vous payé cette boîte ?” (ou l'avez-vous volée ?). On regrette que, quand on déplore les augmentations déguisées des tarifs, on nous réponde : “C'est normal, monsieur, tout augmente, c'est ainsi !”. Tout augmente, certes, à commencer par le “temps passé” à remplacer les employés de la Poste. Une autre réponse nous fâche : si vous voulez gagner du temps, nous dit-on, eh bien faites vos affranchissements sur Internet. Achetez des planches autocollantes spéciales, imprimez vos timbres avec votre encre, collez-les et postez vos plis dans une boîte.

Peut-être un jour nous proposera-t-on de prendre notre voiture et d'aller livrer nous-mêmes les colis aux destinataires…

29 novembre 2015

À la rencontre des lectrices et des lecteurs

Un mois de novembre, d'abord doux et ensoleillé, puis plus conforme aux “normales saisonnières”, saison privilégiée pour la promotion du livre. Aux éditions AO, chacun s'est mobilisé pour partir à la rencontre des lectrices et des lecteurs.

Festival Sang d'encre, à Vienne • 21-22 novembre 2015

Jacques Morize – alias “deux auteurs en un ” – présentait Crimes à la Croix-Rousse, la quatrième enquête du commissaire Séverac, tout juste sortie des presses, ainsi que ses thrillers écrits sous le nom de plume de Luc Castillon.

Sur fond d'images filmiques, les signatures commencent…

François Boulay, sur le stand de la librairie Passerelles, explique les tenants et aboutissants de Pique rouge, Cœur noir, avec lequel ce lecteur repartira, non sans avoir obtenu sa dédicace.

Sur le même stand, c'est l'occasion de saluer Ghislain Gilberti, déjà rencontré à Quais du polar, qui présente son nouveau thriller, Le Bal des Ardentes – amusant et involontaire clin d'œil à la célèbre librairie lyonnaise, Le Bal des Ardents.

Et l'auteur de ces lignes ? Malgré sa discrétion d'espion, il a été repéré sur les écrans de contrôle…

Librairie-café Un Petit Noir • 26 novembre 2015

À l'occasion de la sortie de Crimes à la Croix-Rousse, Jean-Pierre Barrel, cafetier et libraire (ou plutôt l'inverse : libraire et cafetier) recevait Jacques Morize sur la montée de la Grande-Côte, à mi-chemin des Terreaux (et son fantôme) et de la Croix-Rousse (et de ses crimes, donc).


Librairie Fantasio • 28 novembre 2015

L'éditeur présentait l'intégralité de son catalogue, augmenté pour l'occasion du très joli album Je Est Un Arbre Tome 2, de Sophie Latappy.


Parmi les préférences des lectrices venues choisir leurs livres ont figuré : De Fils en Aiguilles (Jean-Claude Charlet), le “duo” des Séverac, Crimes à la Croix-Rousse et Le Fantôme des Terreaux, et l'album précité de Sophie.

Salon du livre de Chazay • 28 novembre 2015

Et nous retrouvons Jacques Morize, cette fois à Chazay d'Azergues (région du Beaujolais), pour la septième édition de son salon du livre. Le Fantôme des Terreaux y a recueilli les suffrages, suivi de près par les Crimes à la Croix-Rousse

Marché de Noël de Caluire-et-Cuire • 29 novembre 2015

La librairie Le Panier de Livres (Caluire) a invité Henry Carey sur son stand du marché de Noël de Caluire-et-Cuire. Notre auteur y a rencontré un franc succès dans le registre du “suspense”, tandis que sa voisine écrivaine, Nathalie Somers, y dédicaçait sa série de romans pour la jeunesse.


Et ce n'est pas sans une réelle émotion que le tout dernier exemplaire de Six yaourts nature a été dédicacé à une lectrice !

Salon du livre d'Arnas • 29 novembre 2015


Et toujours “notre” star des salons, Jacques Morize, cette fois au 2e salon du livre en région Arnas-Beaujolais, organisé par l'association Des Livres et des Histoires, en partenariat avec la municipalité d’Arnas et l’Union des écrivains Rhône-Alpes Auvergne (UERA).

Grâce à ces événements, le mois de novembre s'achève avec près de 1050 exemplaires vendus…


Si vous souhaitez nous aider à dépasser le score de 2013, afin que nous sauvions l'honneur sur 2015, n'hésitez pas, rendez-vous sur le site des éditions AO !

07 novembre 2015

Lire le livre ou voir le film ? Les deux !

Aux éditions AO, comme vous devez vous en douter, la lecture est une passion… sans avoir le monopole. Le cinéma a tout autant sa place. Parfois, le livre et le film peuvent sembler concurrents. Peut-être est-ce ce que j'ai ressenti en constatant que Seul sur Mars sortait simultanément dans les salles obscures et dans les rayons des librairies, qui plus est en deux formats : “grand” livre et livre de poche. Voilà qui m'a donné envie de lire le livre en premier.

La forme du premier roman du jeune Andy Weir (39 ans à sa publication) est celle du journal, rédigé à la première personne par le naufragé de la planète rouge, Mark Watney. Durant les 60 premières pages, nous sommes seuls avec lui sur Mars. On ressent bien son désarroi, tout autant que son ingéniosité.
Le romancier insère ensuite des scènes se déroulant sur la Terre. Près de 500 pages, il les fallait pour que l'on ait le temps de se languir de notre planète… De 6 à 7 heures de lecture, jamais lassante en dépit des explications détaillées des actions et idées déployées par Mark pour survivre – on sent que l'auteur voulait être crédible, au prix d'un didactisme parfois naïf.

Dès lors, une fois le livre refermé, pourquoi aller voir le film au cinéma ?

Pour ma part, ce furent 2 heures et 21 minutes de bonheur. En aucun cas je n'ai été gêné de connaître les péripéties, ainsi que la fin. Bien au contraire, j'attendais avec impatience et jubilation de voir “comment” serait rendue telle ou telle scène. N'oublions pas que nous sommes dans un autre monde, sur une autre planète. L'imagination nous a parfois manqué, Watney restant avare de descriptions – il faut bien qu'il cultive ses pommes de terre et accomplisse tous ses travaux au lieu d'écrire des descriptions à la Châteaubriand !

Avec le film, c'est un réel plaisir de “voir” ce que l'on a tenté d'imaginer en lisant le livre. D'autant que le travail du réalisateur et des décorateurs se révèle somptueux, tant dans les paysages que dans le matériel, le fameux “Habitat”, les véhicules (ces “rover”), ainsi que le vaisseau spatial Hermès. L'éclairage très particulier, cette lumière de Mars, enveloppe les décors et le personnage de teintes mordorées et de contrastes bienvenus. Le fait de n'avoir pas abusé de la 3D donne un surcroît de réalisme – du moins dans notre ressenti : on s'y croirait !


J'admire toujours la maestria des scénaristes, capables de condenser 500 pages de roman en 2 heures (et quelque). Je notai au passage telle ou telle simplification ou ellipse, ainsi que les astuces destinées à nous éviter autant que faire se peut la voix off. Pour laisser du temps à la scène finale, les scénaristes ont dû passer un peu vite sur le long et périlleux voyage en “rover” qu'entreprends Watney. C'est peut-être le seul défaut d'équilibre du film. Il aurait fallu ajouter une petite demi-heure, au risque d'impatienter certains spectateurs…

Et Matt Damon, là-dedans ? Impeccable. Certains le trouveront trop résistant, trop solide psychologiquement. Certes, il ne se décourage jamais. Pour autant, toute l'intrigue repose là-dessus. Si ce “Robinson sur Mars” était dépressif ou apathique, à l'évidence il n'y aurait pu avoir de roman, ni de film.
Conclusion : Seul sur Mars réconcilie roman et film, livre et salles obscures. Au total, j'aurai passé près de dix heures sur Mars. Eh bien, croyez-moi ou pas, je ne m'en suis aucunement lassé.

Jean-Luc Tafforeau, éditions AO

31 octobre 2015

Ventes de livres : mises en place et retours

Les chiffres de ventes annoncés par nombre d'éditeurs, souvent spectaculaires, sont à la fois vrais… et faux ! Comment est-ce possible ?
Le site TouteLaTélé nous l'expliquait à partir de l'exemple du livre (?) signé Nabila, Allô, non mais allô quoi !.

Quand un livre est publié, et que l'éditeur dispose des réseaux de diffusion “universels”, celui-ci est envoyé par les diffuseurs aux libraires pour une “mise en place” dans leurs rayons. La quantité peut se révéler importante si chaque libraire accepte de disposer une pile conséquente dudit livre sur ses présentoirs. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que la totalité de ces livres sont vendus à ces libraires, et payés par eux (dans les délais d'usage).

Par la suite, que se passe-t-il ? Eh bien l'on passe aux fameux “retours”. Au bout de quelques mois, les libraires retournent les invendus au diffuseur, et les éditeurs remboursent les ventes encaissées. Et ce n'est qu'à ce moment-là que l'on connaît les ventes réelles.

Il est donc aisé à un éditeur d'annoncer des “ventes” considérables au moment de la mise en place. Il ne ment pas, puisque les livres sont bien facturés. Pour connaître les ventes réelles, il n'y a qu'une solution : examiner les “sorties de caisses” des librairies, ce qui est estimé par sondages (panels).
Dans l'exemple de Nabila, la mise en place avait donné lieu à 34000 “ventes”. Il semble, d'après l'article précité, que les ventes réelles se limitaient à 1200 exemplaires dans les 10 premiers jours, ce qui est à la fois beaucoup… et très peu eu égard à la visibilité du livre dans les librairies (34000 exemplaires, donc…).
Même exemple pour le livre de François Fillon, Faire (quel horrible titre, un brin scato, excusez l'association d'idées, mais c'est difficile de ne pas y songer), était annoncé comme vendu à 50000 exemplaires alors qu'il s'agissait de la mise en place. Les ventes réelles, au bout de quelques semaines, étaient de l'ordre de 15000. Un score honorable, mais largement inférieur tout de même.

Enfin, au bout d'une période de 3 à 18 mois, une fois les retours entièrement comptabilisés, les ventes réelles finales sont connues. Quant aux exemplaires retournés, ils sont soit soldés (peu fréquent), soit carrément pilonnés (le plus souvent).

Aux éditions AO, nous ne nous sommes pas engagés dans la diffusion universelle pour deux principales raisons :
1. Imprimer plusieurs milliers d'exemplaires et les confier à un diffuseur est onéreux. Le risque est énorme (imaginez ne serait-ce que 5000 exemplaires à 2 €… cela fait 10000 €)
2. Lors de la mise en place, encore faut-il que la notoriété du livre soit suffisante pour que les libraires acceptent de le mettre en place. Dans le cas contraire, soit ils refusent de le faire, soit ils font des retours immédiats, au moment de la livraison.
Cela ne nous a pas empêché d'approcher les 1000 exemplaires vendus pour un de nos livres, et ce, sans retours. Des ventes “nettes de chez net”.

Autres pages à consulter :
Le site BFM-TV à propos du livre de Cambadélis, vendu à 326 exemplaires.
L'article du Parisien relatant les différences entre chiffres de ventes et tirages.

23 octobre 2015

Où il est question de voyages en autocar…

Prélude (qui n'a rien à voir)
De Iain Levison, nous avions déjà lu Un Petit Boulot et Arrêtez-moi là !, deux excellents romans chacun dans leur registre. Les mœurs américaines y sont décrites – et critiquées – avec un humour (noir) dans le premier, et une pertinence effrayante dans le second. L'accroche de la quatrième de couverture de Ils savent tout de vous nous a séduits : “Avez-vous déjà rêvé de lire dans les pensées des gens ?” Un thème somme toute classique, prometteur d'un intéressant scénario. Il y a de quoi imaginer, là-dessus ! Sa lecture laisse cependant sur sa faim, la brièveté relative du roman empêchant l'intrigue de se développer suffisamment. Un suspense, policier à sa façon (le FBI est dans la course), avec peu de personnages et quelques scènes réussies, qui semble presque bâclé.

À propos de personnages, justement… En tant qu'éditeur, nous incitons les auteurs à être toujours très clairs quant aux noms des personnages, afin de ne jamais hésiter au moment où l'un d'eux entre en scène. Levison, au contraire, semble avoir cherché la confusion. L'enquêtrice se prénomme Terry (Theresa, apprenons-nous dans les ultimes pages). Son jeune adjoint est Jerry. Ils ont la lourde tâche de poursuivre un criminel, au prénom de Denny. Enfin, l'un des poursuivants n'est autre que David Kelly. Heureusement, le personnage principal s'appelle Snowe – on a échappé à Billy !


Nous y arrivons…
Au contraire, dans Petits Suicides entre amis, du Finlandais Arto Paasilinna, on s'y retrouve bien mieux. L'épopée surprenante de ce groupe de désespérés qui sillonnent la Finlande en autocar se distingue par son originalité et son humour – noir, évidemment. En dépit de patronymes difficiles à mémoriser, Onni Rellonen, Helena Puusaari ou Hermanni Kempannein, l'auteur a trouvé une astuce toute simple, qui renforce de surcroît l'humour de la narration. Il ajoute fréquemment la qualité de chacun, écrivant “le président Rellonen“, “la directrice adjointe Puusaari” ou le “colonel Kempannein”… et ainsi de suite, avec par exemple “l'extra Seppo Sorjonen” ou l'improbable “capitaine en cale sèche Mikko Heikkinen” ! Un roman réussi, parfois émouvant, écrit dans un style affirmé et inédit. Un amical merci au passage à notre auteur, Daniel Safon, qui nous a prêté ce livre.

Bis repetita
L'autre voyage en autocar relaté dans La Campagne de France, de Jean-Claude Lalumière, est tout aussi attachant ; il met en scène un groupe d'agriculteurs à la retraite. Et nous devons au pur hasard d'avoir lu à la suite ces deux “road-movies” (“road-novel” est moins fréquent). Un genre pas facile, mais qui, maîtrisé, recèle bien des richesses. Lalumière tient ses promesses du réjouissant Le Front russe, qui nous avait enthousiasmés. Cette campagne est moins brillante, plus subtile, un tantinet mélancolique, et, rassurez-vous, tous les voyageurs sont aisément repérables, au premier rang desquels les seuls jeunes personnages, organisateurs du voyage, Otto et Alexandre. La couverture de l'édition en Livre de Poche est très réussie, de surcroît.

Le hasard – tragique ! – a voulu que nous achevions ces lectures de voyages en autocars le jour du drame de la Gironde (Puisseguin), dans lequel plus de quarante personnes ont trouvé la mort… L'accidentologie a ses terribles probabilités, proportionnelles au nombre de véhicules en circulation. Si le transport en car est plus sûr que la voiture individuelle, il l'est moins que le train. Mais ce n'est pas politiquement correct de parler de cela aujourd'hui (confer Noël Mamère).

06 octobre 2015

20 ans des Puces du Canal (Villeurbanne)

L'association Dora-Suarez-Leblog, vigoureusement animée par Ludovic Francioli, avait organisé une présentation de polars dans le cadre du vingtième anniversaire des Puces du Canal de Villeurbanne, le 20 septembre 2015. Une manifestation originale, qui se tenait dans la galerie “Louis-la-Brocante”, où les auteurs et éditeurs étaient aimablement accueillis sur les stands des exposants et sur des terrasses de cafés.
Une (longue) matinée animée et conviviale, que vous pouvez revisiter grâce aux vidéos publiées sur “pucesducanal.tv”.


Ci-dessus : Jacques Morize (à gauche) auteur des enquêtes du commissaire Séverac (éditions AO), et Jean-Luc Tafforeau, gérant des éditions AO, qui explique comment la passion de l'écriture et du livre lui est venue.
Pour visionner ce petit film, suivez ce lien.

Nous renouvelons nos remerciements aux Puces du Canal et à Dora-Suarez-Leblog !

05 septembre 2015

“Funny Girl” de Nick Hornby

J'avais découvert Nick Hornby par l'adaptation au cinéma de son roman Haute Fidélité, que j'avais lu après avoir vu le film, histoire de me replonger dans l'ambiance et de retrouver des personnages attachants. Ce n'est pas si courant de procéder dans ce sens, c'est néanmoins une démarche que je conseille vivement. D'où ma lecture de A propos d'un gamin, de nouveau après avoir visionné le film qui en avait été tiré, Pour un garçon. Un long métrage très réussi, avec Hugh Grant en tête d'affiche.
Par la suite, je resterai fidèle au romancier. Tant La Bonté : mode d'emploi, Vous descendez ?, Slam et Juliet (Naked) m'ont permis de passer de délicieux moments de lecture, avec une nette préférence pour le dernier.

Pour toutes ces raisons, je me suis précipité sur Funny Girl, qui vient de sortir. Je dois avouer avoir été très déçu de cette lecture. Le roman s'inspire directement de la réalité, relatant la carrière fulgurante d'une jeune femme devenant la vedette d'une série télévisée de la BBC dans les années soixante, sous le pseudonyme de Sophie Straw.
Plusieurs défauts rédhibitoires expliquent cette déception.

L'auteur, britannique, s'adresse en effet à des lecteurs connaissant déjà le contexte. Je l'ignorais pour ma part. L'absence de description de ce contexte, de l'époque, des personnages même, empêche d'entrer dans l'intrigue. Il faut en effet attendre la page 146 pour apprendre qu'on est en 1964 ! Je me croyais dans les années cinquante… Et ce ne sont pas les illustrations insérées dans le texte qui nous aident, tant elles paraissent démodées, anecdotiques et sans intérêt particulier.
La série télévisée en question s'appelle Barbara (et Jim). Bien entendu, j'en ignorais tout. Si le roman évoque les tournages, en public le dimanche, jamais le moindre extrait n'en est reproduit. On doit se contenter de vagues allusions aux intrigues, frustré de ne pas “entendre” quelques dialogues pour pouvoir apprécier leur humour supposé.

En outre, la façon dont les conversations entre les personnages sont écrites et typographiées complique singulièrement la lecture. À de très nombreuses reprises, il est très difficile de savoir “qui parle”, au point qu'il faille parfois revenir en arrière en comptant les tirets de dialogue pour comprendre l'échange en cours. Horripilant ! Aucune règle n'est applicable pour savoir au premier coup d'œil qui initie le dialogue, et l'auteur se refuse à le préciser, probablement réfractaire aux “commença John” ou “demanda Paul”. Pour ne rien arranger, les understatements britanniques, ainsi que l'humour très second degré des protagonistes sont souvent indétectables, perturbant la compréhension. Souvent, je me suis fais la réflexion : “il (ou elle) blague, ou bien est-ce à prendre à la lettre ?” sans avoir la réponse.

Nick Hornby parvient malgré tout à soutenir l'intérêt de lecture – un tour de force dans cette ambiance floue et désincarnée. Je ne suis pas parvenu à m'intéresser aux personnages, restant pour l'essentiel indifférent à ce qui leur arrive. D'ailleurs, il ne leur arrive pas grand-chose, à part bien sûr ce coup de chance presque magique qui propulse une actrice débutante au rang de star du petit écran britannique. Tout le reste demeure assez banal et sans relief. Il aurait donc fallu que j'attende l'éventuel film avant de lire le roman, pour au moins avoir les images en tête au moment d'aborder la lecture du texte !

Pour finir, une atroce coquille en page 310 m'a un peu irrité, compte tenu des budgets de révision dont un tel livre doit bénéficier. Un éditeur demande à l'un des scénaristes (Bill) s'il souhaite publier le roman qu'il vient de lui remettre sous son nom propre. Voici ce que cela donne : “Vous souhaitait le publier sous votre nom ?” Une fois encore, la perfection n'est pas de ce monde, et, en tant qu'éditeur, je n'échappe pas à la règle. Cette coquille, toutefois, aurait été aisément détectable par des correcteurs informatiques basiques. Dommage !

Jean-Luc Tafforeau, éditions AO

19 juillet 2015

Une présentation de Francois Boulay sur le site de RFI

Sur le site de RFI, nous avons eu le plaisir de lire un article de Tirthankar Chanda, dont le titre n'a pu que nous ravir : “François Boulay, maître incontestable du roman noir” !
Extraits.

« Douze nouvelles riches en suspense et ironie composent le dernier opus du François Boulay : Pique rouge, cœur noir. À mi-chemin entre thriller policier et drames situationnels, ces récits racontent la vie contemporaine, ses dysfonctionnements, mais aussi ses moments drolatiques. »

« Incisif et inventif. Ce qui frappe dans ces nouvelles, c’est autant l’imagination maîtrisée au cordeau de François Boulay, que son sens d’humour qui vient équilibrer la noirceur des sentiments ou des ressentiments. C’est avec une distance quasi-brechtienne et une plume impressionniste que l’auteur fait monter la tension, comme dans le premier morceau plutôt sanglant du recueil, un modèle du thriller moderniste. »

« Pique rouge, cœur noir est le huitième livre sous la plume de ce romancier au parcours atypique. Des nouvelles d’une écriture alerte où parfois, comme dans le morceau “Fidèle au rendez-vous”, l’auteur n’hésite pas à se révéler pour ce qu’il est : un deus ex machina qui tient dans ses mains le destin des protagonistes. Un destin dont il peut modifier d’un claquement de doigts la feuille de route. »

14 juin 2015

Equ'Ain des polars et… des chevaux

Dans le cadre de la “tournée Dora-Suarez-leblog” organisée par Ludovic Francioli, les éditions AO ont participé à un mini-salon du livre proposé dans le cadre du concours hippique AMA-PRO-SHF  à Equ'Ain (Miribel).


D'autres montures, plus métalliques et motorisées, fréquentaient également le centre équestre :


Confortablement installés sous une tente-chapiteau, quatre auteurs – Julie C. Combe, Jacques Morize, Gérard Coquet et Gilles Caillot – et un éditeur (le signataire de ces lignes) présentaient leurs publications :


Outre les passages d'équidés, moult tangages allaient émailler ce salon inédit :


En particulier lorsque Gérard Coquet s'engageait dans une présentation pour le moins imagée de ses romans – qui semblait laisser sa voisine dubitative !


Ce qui n'empêcha pas que les stylos signassent (oui, signassent, je sais, ça sonne bizarre, mais le polar est bizarre) de nombreuses dédicaces…


L'essentiel étant que le compte soit bon, tout autant que les moules-frites du déjeuner ou les sauts d'obstacles des cavaliers.


Un grand merci aux organisateurs, Sébastien, Henri, Christiane, Ludovic, Cathy… ainsi qu'à toutes celles et ceux que nous n'aurons pas nommés.
Un grand merci itou aux lectrices et lecteurs, qui sont repartis avec Le Fantôme des Terreaux, Flinguer le Président, c'est mal !, Mercredeuils, Pique rouge, cœur noir ou Puisque chante la nuit, dans leurs besaces.


10 juin 2015

« in2white » : merveilleux panorama !

Les éditions AO ont édité plusieurs livres mettant en scène la montagne et l'alpinisme (voir cette page). D'où notre émerveillement en découvrant la vaste photo panoramique et ultra-détaillée publiée sur le site in2white. Mille mercis à ces photographes pour avoir mis en ligne ce projet fascinant, occasion de grands moments d'émotion et de contemplation !


L'intérêt de ce projet est de nous donner la possibilité de zoomer de façon extrême sur n'importe quel partie de la photographie, au point de pouvoir découvrir… des êtres humains dans le paysage. Mais attention : l'échelle des parois que l'on observe doit être rétablie ! Pas moins de 800 mètres pour le versant du mont Blanc du Tacul, par exemple (sommet rocheux légèrement à droite du centre).

Alors, bien sûr, nous nous sommes livré au jeu du repérage d'alpinistes. En voici une série – certainement incomplète. Pour connaître leur emplacement, laissez un commentaire sur cet article, nous serons heureux de vous les indiquer.


Ces trois premiers personnages progressent à raquettes ou à skis sur le glacier. Ils sont relativement aisés à découvrir, l'un étant proche des photographes, les autres signalés par leurs ombres.


Beaucoup plus loin, une autre cordée marche sur une section horizontale…

Passons aux alpinistes engagés dans des itinéraires d'ascension. Deux nous sont signalés par le site lui-même à titre d'exemple :


Mais ils ne sont pas les seuls sur cette paroi glaciaire (là, nous vous aidons). En voici six autres (dont un est caché dans une goulotte encaissée) :


Ailleurs, deux cordées se succèdent dans un itinéraire mixte (à droite, le second de cordée est également masqué derrière le rocher) :


Encore plus loin, sur un itinéraire fréquenté, il est plus aisé de retrouver des cordées :


Enfin, d'autres êtres humains sont repérables là où un téléphérique les a déposés :


…ou bien se préparant à travailler, comme ce grutier et ces ouvriers :


Si vous cherchez bien, du côté de la Noire de Peuterey, vous pourrez aussi identifier un oiseau. Il est signalé dans la démonstration du site.

D'autres alpinistes cachés ? Certainement. En attendant, vous pouvez aller observer les cordes fixes de la Dent du Géant, sans toutefois y découvrir des grappes humaines accrochées aux filins…

14 mai 2015

“Nos Femmes” versus “Entre amis”


“Nos Femmes” et “Entre amis“, voici deux films sortis à une semaine d'écart qui nous ont surpris chacun à sa façon. Les points communs entre les deux sont nombreux : la présence de Daniel Auteuil au générique, la mise en scène de trois amis… et de leurs compagnes, une action se déroulant dans un lieu clos unique… auxquels s'ajoute un positionnement décalé.

Nous nous attendions, avec “Entre amis”, à une comédie réjouissante, une croisière à six sur un voilier, sur fond de relations amicales – confer le titre ! – et empreinte d'humanité. Erreur ! Les trois amis se révèlent désagréables, méprisants et somme toute “beaufs”. Et ce ne sont pas quelques brèves scènes de mea culpa qui les rachètent. Quant aux gags, ils déçoivent par leur vulgarité et leurs excès. On rit jaune, vite lassé. En revanche, ce sont leurs femmes qui retiennent l'attention. Qu'elles soient boudeuse (Zabou Breitman), naïve (Mélanie Doutey) ou courageuse (Isabelle Gélinas), ce sont elles qui tentent de sauver leurs hommes du naufrage (au sens propre autant qu'au figuré).

Avec “Nos Femmes”, nous avions redouté le film “beauf” et macho, voire la comédie hystérique, ainsi que la bande annonce pouvait le laisser craindre. Quand Thierry Lhermitte débarque, ébouriffé et paniqué, pour avouer à ses amis Auteuil et Berry qu'il a étranglé sa femme, on craint le pire. Eh bien pas du tout ! Très vite, l'argument de l'intrigue abandonne ce point de départ (et Lhermitte, qui dort une bonne partie du film !) pour une étude de caractères incarnée avec un indéniable talent par Daniel Auteuil et Richard Berry, dans la plus pure tradition du théâtre, avec des scènes d'anthologie interprétées avec finesse et talent. Les femmes, elles, sont très peu présentes à l'image, tout en jouant bien sûr un rôle déterminant : sans elles, les trois hommes du générique n'auraient pas, enfin, changé d'attitude et remisé au vestiaire leurs oripeaux de machos inconséquents…

Et, en conclusion, on prend soudain conscience que les titres de ces deux films auraient dû être permutés. Auteuil, Berry et Lhermitte sont bel et bien “entre amis”, durant cette longue soirée, et l'amitié compte pour eux. Auteuil, Berléand et Jugnot, au contraire, ne doivent leur salut qu'à leurs femmes, tandis que la fin imaginée par le scénariste frise la pirouette ridicule tout en achevant de réduire à néant nos velléités d'empathie.

05 mai 2015

“Le Monde d'en haut”, de Raymond Renaud


C’est grâce à Jean-Claude Charlet, auteur de De Fils en Aiguilles (éditions AO, 2013) que j’ai pu lire ce 5 mai Le Monde d’en haut, de Raymond Renaud. Quel destin ! Et d'abord son enfance dans les années quarante, terrible, âpre et rude. Et cette soudaine vocation pour la montagne : âgé de seulement 16 ans, sa première course sera la face sud de la Meije, où il se révèle incroyablement doué. Les portes de ce « monde d'en haut » s’ouvrent à lui. Il a à peine 20 ans qu’il est déjà aspirant-guide, major de sa promotion avec les félicitations d’Armand Charlet en personne.

Nous suivons avec passion son itinéraire de grand alpiniste, de guide et d'enseignant, dans l’Oisans ou le massif du Mont-Blanc, puis dans l’Himalaya, avec ses amis et compagnons de cordée, les Payot, Pollet-Villard, Masino, Créton… nous en oublions.

Au-delà de cette relation passionnante d’une carrière d’alpiniste, plusieurs épisodes nous ont émus : l’ouverture de « sa » voie aux Tenailles de Montbrison, une première sereine et virtuose d’un itinéraire devenu mythique (en 1965, avec, déjà, du 6a) ; ce bivouac à la descente de la Noire de Peuterey avec Anne, sa future compagne, où ils échappent par miracle à un éboulement ; son ascension de la face nord de la Meije avec Gaston Rébuffat, en 1977 ; comment il est enseveli par une avalanche sur les flancs du Dhaulagiri et parvient à s'en sortir…

Et il se trouve que c’est aujourd’hui même que les éditions AO ont reçu de l’imprimeur les exemplaires tout neufs du roman de Thierry Ledru. Comment ne pas le ressentir comme un amical clin d’œil du destin ? Outre que ce livre de fiction met en scène un guide de haute montagne, son titre est… “Là-haut”.

29 mars 2015

Quais du Polar 2015

Le festival Quais du Polar de Lyon est devenu au fil des années une référence, voire le plus important de France dans son genre. Le public qui s'y presse durant ces trois journées doit parfois patienter à l'extérieur du Palais du Commerce, saturé de visiteurs (plus de 70000 cette année).

Pour la quatrième année consécutive, les éditions AO étaient reçues par la librairie Le Bal des Ardents sur leur stand de cette Grande Librairie installée dans le Palais. Une attention louable à l'égard d'une maison d'édition comme la nôtre, ce dont nous remercions toute l'équipe, au premier rang de laquelle Elsa et Francis.


À l'occasion de cette onzième édition de “QDP” – sigle désormais consacré – trois auteurs AO ont rencontré un public toujours attentif et passionné. L'occasion d'échanges riches et chaleureux, qui donnent du cœur à l'ouvrage à toutes et à tous : auteurs, éditeurs, libraires…

QDP, What else ?
Cherchant un calembour sur le sigle QDP, la formule “Quoi De Plus ?” nous est venue. Elle pourrait être une traduction du “What else ?” de George (Clooney).
Quoi de plus, donc ?

Ci-dessus : François Boulay dans le feu de l'action.

Eh bien d'abord l'arrivée de François Boulay, prix Quais du Polar 2007, au catalogue des éditions AO, avec Pique rouge, Cœur noir, sorti en toute fin d'année 2014. François a assuré un vrai marathon de signatures durant ces trois journées.

Ensuite, l'accueil marquant du public au Fantôme des Terreaux, la troisième enquête du commissaire Séverac, que Jacques Morize a présenté dimanche, ainsi qu'au suspense À qui profite le kir®?, thriller aussi apéritif que roboratif (il fallait bien placer ce terme devenu “incontournable”…) de la plume de Gaël Dubreuil.

Ci-dessus : François Boulay (à gauche) et Gaël Dubreuil (à droite) en conversation avec des lecteurs.

Les visiteurs venus discuter avec François, Gaël et Jacques auront eu droit à de mémorables parties de ping-pong verbal entre auteurs de talent – tous des comédiens à leur façon (amateurs autant que professionnels).

Ci-dessus : le rire n'est jamais loin, même dans le polar !

Quoi d'autre encore ? Ah, c'est sûr, voisiner derrière ces tables tendues de noir avec Michael Connelly, voilà qui donne la pêche, vous en conviendrez.

Ci-dessus : Michael Connelly (à droite) et son riding shotgun (à gauche). Il faut avoir lu Ceux qui tombent (que l'auteur tient en main) pour saisir l'allusion…

Quoi d'autre enfin ? La logistique. Vous n'imaginez probablement pas combien tous ces livres circulent, circulent… Une noria de camions alimentait le festival pour fournir, tandis que l'auteur de ces lignes faisait des allers-retours en métro (chacun son mode de livraison) pour recharger la table.


Un chassé-croisé entre auteurs, libraires, caisses de carton et caisse comptable accomplissait un ballet souvent inattendu.


Conclusion en image… signée François Boulay.